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Re-tour en Indochine
22 janvier 2016

Christian

          

J'ai rencontré Christian Dessallien au Burundi en 1969-70. Nous étions tous deux 'Coopérants', effectuant deux ans de service civil en coopération au lieu d'un an de militaire, lui à l'Institut Urundi des Statistiques (dit aussi l'institut arrondi des statistiques...) et moi en tant que prof de droit commercial, de compta et d'anglais à l'ENA...de Bujumbura. Nous étions toute une bande de célibataires, plus ou moins irresponsables, mais lui était 'déjà' marié, à une splendide blonde qui nous faisait tous 'baver', la jolie Michèle. Pendant deux ans nous avons mené une vie facile, futile et, il faut bien l'avouer, très agréable : sports, balades, fêtes et réceptions, excursions en Afrique de l'Est, et même expérience de la scène où nous avons poussé la chansonnette, ensemble (le 'CTF Group' avec J-Pierre et Françoise Montcour), et aussi en solo (Christian dans une belle interprétation de 'La poesia es un arma cargada de futuro' de Paco Ibanez, moi dans une imitation de 'Hello Dolly' d'Armstrong), au cours d'une soirée cabaret à l'hôtel Paguidas-Haidemenos...

C'est également au Burundi que nous avons connu l'un et l'autre notre futur employeur, la SEDES, à travers le trio qui menait une étude de budget-consommation à Kitega, la deuxième ville du pays : deux coopérants comme nous (Jean-Louis Eymond-Daru et Gilles Petit de Mirbeck) et un 'vieux' loup-de-mer (Henri Raymond). Et effectivement, lorsque mon temps s'est achevé (mi 1970), je suis entré dans cette société d'études de la Caisse des Dépôts chargée d'alimenter les pays d'Afrique nouvellement indépendants en statistiques et stratégies. Christian, lui, étant arrivé un an plus tard au Burundi, n'a été recruté qu'à la mi 1971. Entre temps, après une année passée à bricoler les 'nappes en intissé' (!) et démissionné pour non adéquation de mon travail avec mon ambition, le développement, j'obtenais finalement de la SEDES un poste en Afrique, en Côte d'Ivoire où, basé à Bouaké, j'allais réaliser une étude des flux de commercialisation des produits vivriers à travers le pays pendant une année. Coïncidence : fraichement recruté, Christian débarquait lui aussi un peu plus tard au Ministère du Plan de la RCI, mais à Abidjan pour l'emploi et la formation.

Nous nous sommes donc revus très souvent, tant dans la capitale qu'à Bouaké, où il se trouvait précisément le jour où, dans ma 'R6 de fonction', j'amenais une jeune anglaise rencontrée peu de temps auparavant visiter un village de potiers près de Bouaké... Les occasions ne manquaient pas, avec en particulier ce week-end à Jacqueville, cet autre à Assini (avec Dolly...) et presque toutes les fois où je descendais à Abidjan.

A la fin de mon étude (mi 1972), je regagnais la France (entre autres pour épouser Sue !), mais les Dessallien allaient rester à Abidjan pour encore six années. Si bien que nous n'allions plus nous revoir pendant... 42 ans !

Pendant toutes ces années, chacun creusait son sillon, à travers le monde, de façon plus ou moins dispersée, et de façon plus ou moins linéaire... Christian et Michèle divorçaient en 1987, rude épreuve pour tout le monde, y compris pour Eglantine et Eléonore toutes deux nées à Abidjan. Entre temps il y avait eu la rencontre avec Renata.

En 1986, Renata Lok, née au Canada dans une famille originaire des Pays-Bas, se trouvait au Laos où elle travaillait pour le PNUD comme 'jeune professionnelle'. De son côté, Christian, qui avait quitté la SEDES pour s'établir à son compte comme spécialiste de formation professionnelle et d'évaluation de projets, se trouvait la même année au même endroit pour évaluer un projet de textiles. Coup de foudre sur la terrasse panoramique de l'hôtel Paksé, le bien nommé... "Et puis", comme le chante Georges Brassens, "l'amour a fait le reste..."

Mariés quelques années plus tard, Christian et Renata 'produisaient' un fils, Manou, qui allait suivre ses parents dans leur vie professionnelle itinérante : Mali, Laos, Bhoutan, Chine, Myanmar,... avec, dans ces trois derniers postes, Renata comme Numéro 1 ('Res-Rep') des Nations-Unies. Et c'est par le plus grand des hasards (nom de Christian repéré par Mélanie sur Linkedin) que nous avons pu reprendre contact puis nous revoir à Tarbes en juillet 2014, avant ce magnifique épisode du Myanmar...

Aujourd'hui Renata, dont nous n'avons fait la connaissance qu'il y a moins de 2 ans, assume avec discrétion la plaque de sa voiture à fanion bleu, UN-1-1, une responsabilité parfois pesante (l'ONU est une cible facile) mais souvent gratifiante : contacts avec les responsables nationaux (fréquents avec Ang San Su Kyi), avec la diplomatie internationale (elle a rang d'Ambassadeur), et avec les forces vives du pays (il existe en pays Rakhine des 'villages Renata' !).

Quant à Christian, il est toujours lui-même, curieux de tout, plein de tolérance, d'optimisme et de sagesse, et bien que je l'aie perdu de vue pendant si longtemps, il fait partie des quelques personnes très importantes de ma vie, à travers certaines chansons ('Pensée des morts', 'Adélaïde',...), quelques remarques ou aphorismes ("Mais, Bernard", comme dit Renata, "Christian a une théorie sur tout !"), et surtout un éclat de rire authentique et communicatif (tous les deux 'marocains' et du même âge, nous rions facilement, et des mêmes choses...).

A tous les deux, un énorme merci !
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