14 janvier : Yangon

Très belle maison, que celle des Dessallien, spacieuse et pleine de bois de teck et de très jolies choses rapportées des différents pays d'Asie où ils ont vécu.

En premier, et profitant de leur expertise (c'est leur 3ème séjour ici), nous avons demandé à nos amis de nous donner les bonnes appellations pour le pays, sa langue et ses habitants. Avant que les Britanniques ne le conquièrent (mi 19ème) et le renomment Burma, du nom de l'ethnie majoritaire de la vallée de l'Irrawady, le pays s'appelait le Myanmar. Il faudra attendre plus d'un siècle pour que les militaires, après avoir pris le pouvoir, lui redonnent son nom d'origine. Si bien que, aujourd'hui, les gens sont un peu réticents à appeler leur pays Myanmar car le nom est évocateur de dictature, alors que en fait il ne s'agit que de son nom historique. Et Myanmar étant d'abord un adjectif, il désigne aussi bien la langue ("je parle myanmar") que les habitants ("je suis myanmar"). Et il en est de même du nom de la capitale, Yangon et non pas Rangoon ou Rangoun, car le myanmar ne contient pas de 'r'.

Pour être tout à fait exact, le vrai nom du pays est 'Union du Myanmar', une réalité géographique car les groupes ethniques sont nombreux, et une espérance politique tant ces groupes sont réticents à l'intégration : Shans, Chins, Kachins, Karens, etc. sans oublier naturellement les Rohingas (musulmans) de la côte Ouest.

Et, voici nos deux premiers mots myanmar :
- mingalaba : bonjour
- tesutinbale ('jésus tient l'balai'...) : merci

Départ vers 11h en voiture avec Christian dans leur Renault/Duster à plaque diplomatique (UN 8-1), car Renata est 'représentante-résidente des Nations-Unies en Birmanie' ! Le numéro 1, quoi ! Leur maison est au nord du grand lac artificiel, Inya Lake, au '7ème mile' compté à partir du sud. Nous partons vers le nord chercher une gare routière pour obtenir des infos fiables sur les bus entre Nay Pyi Taw - la nouvelle capitale construite récemment 'in the middle of nowhere', où Christian propose de nous conduire en voiture (!) - et Mandalay, l'ancienne capitale royale à 600 km de Yangon. Les ayant obtenues, les infos, nous mangeons un plat de nouilles dans un boui-boui local, avant de repartir en direction du sud et du port. Remarqué les spécificités suivantes :
- longi : les Myanmar, hommes ou femmes, portent souvent, même en ville, ce tube de tissu replié qui les couvre de la taille aux pieds
- béthel : comme en Inde, beaucoup machent le béthel, crème blanche étalée sur une feuille verte roulée et qui les fait cracher rouge sang...
- circulation : c'est souvent une grossière exagération de parler de circulation alors que, à Yangon au moins, les bagnoles font surtout du sur-place...
- thanaka : la plupart des femmes, et certains enfants, se mettent sur le visage, surtout sur les joues, cette crème-poudre blanc-jaune, pour l'esthétique et contre le soleil : très typique car très répandue et unique au monde.

Le port de Yangon est en fait un port fluvial, sur la Rangoon River (pas encore Yangon ?), la mer se trouvant à plus de 30 km au sud. L'activité y est importante, de la petite barque à fond plat qui transporte un sac de riz jusqu'au gros porte-conteneurs de haute mer que permet la profonde rivière, en passant par les magnifiques 'hotels flottants', rescapés de l'immense flotille de la Burma Company (650 steamers et 'paddle-boats' ou bateaux â roues type Mississipi). Et puis, le port c'est aussi cette longue (5 km) avenue Est-Ouest qui longe la rivière, 'the Strand', et bien sur le fameux palace éponyme, rescapé lui aussi de la colonie, et où nous prenons un café aux sons discrets d'un balafon...

Côté température, nous sommes à nouveau, après Bangkok et ses 32 degrés, plutôt au dessous de 30 dans la journée et de 20 la nuit : très agréable !