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Re-tour en Indochine
18 décembre 2015

16 décembre : Phnom Penh

Salut aux couleurs au réveil chez PSE

Aujourd'hui réveil libre... Nous quittons le coin de paradis de PSE et retournons au centre ville 'chez Goldie' (20$ la chambre, correct, tenu par une Danoise depuis 4 ans). Le moment est venu de faire un petit point sur le Cambodge, prétentieuse tentative mais dont je ressens fortement l'envie sinon le besoin.

Comme une pelote que l'on dévide en tirant un bout de fil, tout commence par un retrait d'espèces dans un DAB (en anglais ATM). Nous voulons retirer 450 000 Riels, soit 100€. Impossible. Nous abaissons progressivement la somme jusqu'à 100 000.  Sans succès. Recours à un gars de la Canadia Bank derrière, et là nous découvrons le 'pot aux roses' : les ATM du pays ne donnent que des... Dollars !!! Les Riels (4000 pour 1$) sont en fait la petite monnaie, les 'pièces', de ce pays littéralement 'vendu' aux USA. Jamais vu ça dans la centaine de pays plus ou moins visités dans ma vie.

Tirons un peu la ficelle de la pelote, en interrogeant, très schématiquement, l'histoire khmère. Immense empire au moyen-âge (Angkor 900-1400), incorporant de fait la quasi totalité des cinq pays de notre voyage à part la Birmanie à l'ouest et une bande côtière à l'est (Champa, aujourd'hui Vietnam) ; guerre plus ou moins permanente avec le Siam (aujourd'hui Thaïlande), un peu comme entre la France et l'Angleterre ; protectorat français à la toute fin du 19ème permettant le sauvetage du royaume ; indépendance en 1953, dans le même 'paquet' genevois que le Vietnam ; effroyable épisode du génocide Khmers Rouges (1975-80) laissant un pays littéralement exsangue, anéanti ; nouveau sauvetage, international cette fois, par l'ONU et la 'communauté' (années 1990) ; débarquement, prolifération et incrustation, 'enkystement', des assos humanitaires et donneurs publics (jusqu'à 2000 à la fois !), apportant leur train de vie, leurs grosses bagnoles et leurs indemnités en US dollars... Nous y voilà. Le prix de la survie est donc une perte complète de souveraineté nationale, dont le symbole historique fort a toujours été de 'frapper monnaie'... [Petite parenthèse pour préciser que, bien évidemment, PSE ne se classe absolument pas dans cette catégorie d'ONG qu'on dirait souvent plus préoccupées de leur propre développement...]

Tirons encore un peu plus. La présence d'expats en grand nombre a toujours favorisé l'émergence puis l'enrichissement d'une couche de population urbaine, souvent corrompue, prête à tout, jusqu'à y perdre son âme, pour vivre dans le luxe. Et les nouveaux riches cambodgiens sont bien là, étalant leurs 4x4, leurs marbres, leurs banques et leur 'broken English'... Ils sont aidés, accompagnés, soutenus, par une véritable invasion chinoise, tant en termes d'investissements urbains qu'en nombre de touristes ; un symbole, en arrivant à PP par bateau, en est bien cet énorme et très moche hôtel-forteresse qui bouche l'horizon et gâche complètement le paysage.

Comme pour illustrer le propos (...), Guillaume vient nous chercher chez Goldie pour un nouveau festin sur son balcon ! La nettoyeuse a fait son travail, et la cuisinière aussi (délicieux plat de poisson et un autre de poulet) et nous finissons le Pomerol avec bonne humeur.

L'après-midi, l'après-sieste plutôt, c'est-à-dire l'heure et demie qui nous reste avant le coucher du soleil (17h30), est consacrée à la visite du Palais Royal. Ce qui me permet une autre digression, sur Norodom Sihanouk.

A Sciences-Po (1966-68), nous croisions assez souvent dans les couloirs, même une fois ou deux en 'conférence de méthode' un petit homme de type asiatique, dont il était difficile de dire l'âge. En fait, il s'agissait du roi du Cambodge, Norodom Sihanouk lui-même, couronné à 19 ans, et âgé à cette époque d'une vingtaine d'années de plus que nous. Souvent à Paris, ville de ses études et d'une bonne moitié de sa culture, il allait de la rue St Guillaume au Canard Enchaîné (dont il était le correspondant officiel au Cambodge !) et des Deux Magots à l'hôtel Crillon où il donnait des conférences de presse sur la situation de son pays et la guerre au Vietnam alors à son paroxysme.

Norodom Sihanouk, dernier des rois-dieux khmers, était un personnage ondoyant et insaisissable, à la fois monarque et communiste, homme du peuple et industriel (films), pro-atlantique et pro-chinois (2 exils à Beijing), obsédé par le pouvoir et prêt à tout pour le garder ou le reconquérir : il a quand même été l'inspirateur des Khmers Rouges, avant que ceux-ci ne se transforment en monstres assoiffés de sang...

Aujourd'hui, c'est un de ses descendants (?) qui est sur le trône, mais sans le moindre pouvoir, le pays étant sous la main de fer - et corrompue - d'un certain Hun Sen, ancien Khmer Rouge (!), et surnommé Sadam bien sûr, ou encore Sen the Hun... Mais dans les jolies 'pagodes' des jardins du Palais Royal, c'est l'ombre de Sihanouk que j'ai cru apercevoir... 


     
Retour aux réalités urbaines...

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...et aux réalités monarchiques et religieuses du Cambodge d'aujourd'hui...

     

     

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...mais en dépit des décors, on a du mal à croire à celle, historique pourtant, de l'Empire Khmer

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